INTRODUCTION AU DESSIN

J’ai écrit ce cours à la suite de plus de dix ans d'enseignement du dessin et de la peinture en cours particuliers. Ceci totalise une expérience d'enseignement sur près de huit cent personnes et a permis d'en tirer un savoir précieux. La plupart des informations contenues dans ce texte proviennent de la bouche de peintres avec lesquels je me suis formé et de leur application à l’enseignement.

Le dessin est la partie de l'art la plus ingrate. L'entraînement et les efforts qu'il demande peut faire perdre de vue de le plaisir de la création artistique.
À une époque qui a vu fleurir l'art minimal ou l'art conceptuel pourquoi se préoccuper de dessin ? La peinture moderne oscille entre esprit et matière. Le carré blanc sur fond blanc est un extrême. Un objet courant, simplement posé sur un socle avec un titre, en est l'autre. Entre ces deux extrêmes un équilibre artistique pourra être trouvé.
C'est en asservissant la matière, en la connaissant, en redécouvrant les lois optiques de l'univers physique qui l'entoure que le peintre possédera les outils lui permettant de s'exprimer.
En dessin la matière est réduite au minimum : un crayon et un bout de papier. Il reste alors à découvrir les lois optiques de la nature et comment les traduire sur la feuille. Pour cela il faudra observer et dessiner.
La photographie puis la télévision nous ont donné une telle profusion d'images que leur impact nous a fait perdre de vue qu'à quelques centimètres à gauche du poste de télévision il y a la nature. La nature, partition du peintre.
Dans ces carnets, Léonard de Vinci disait :
"Le peintre produira des ouvrages de peu de mérite s'il s'inspire de l'ouvrage d'autrui; mais qu'il se tourne vers la nature, il obtiendra un bon résultat. Nous le voyons avec les peintres qui succédèrent aux romains; ils s'imitèrent continuellement et d'âge en âge leur art ne cessa de rétrograder."

Ou en sommes au aujourd'hui ?


Fruit de ces années d'enseignement du dessin, la constatation suivante est ce qui a motivé l'écriture de ce cours.
La plupart des personnes venant me voir pour pendre des cours de dessin, avaient déjà fréquenté des ateliers ou avaient acheté plusieurs ouvrages didactiques sur le dessin sans en tirer tous les fruits qu'ils étaient sensés obtenir.

Il semble que l'enseignement du dessin présente certaines lacunes. En fait il n’est même plus
enseigné dans les écoles, y compris les écoles d’art.

Quel sont les éléments manquant?

Y a-t'il un secret, gardé jalousement par quelques maîtres?

Ou sommes-nous trop stupides pour comprendre, le don nous faisant défaut?

 

Je pense que nous avons perdu, dans une certaine mesure et dans le domaine du dessin, l'enseignement structuré qu'on peut trouver dans d'autres domaines artistiques. Des idées répandues telles que “le dessin ne sert à rien, il suffit de créer” ou “ne les faites pas dessiner, ils perdront leur spontanéité” ne sont que des plaies de mauvais enseignements du passé, dont les cicatrices ne se sont pas refermées.

Beaucoup de peintres ont dû trouver par eux-mêmes les informations que leurs professeurs ne leur avaient pas données.

Que dire alors de Vincent Van Gogh ou de Paul Cézanne, eux qui ont presque tout appris seuls? Etait-ce uniquement un don ou bien ont-ils travaillé dur pour conquérir de haute lutte ce savoir?

Il y a quantité de livres qui traitent du dessin, de la perspective, des matériaux à utiliser, des astuces et des conseils... C'est pourquoi nous ne parlerons pas ici de ce qui est déjà décrit ailleurs, essayant de montrer de manière précise les fondements du dessin et les techniques dont on ne parle pas ailleurs.

Toutes les techniques décrites dans ce cours existaient déjà et sont connues.

Il n'y a pas qu'une seule manière de dessiner. Chaque artiste développe sa façon d'aborder les sujets, utilisant telle ou telle technique selon le cas. Mais ils le font après avoir fait leur temps d'apprentissage.

Ajoutons qu'il est facile de critiquer et beaucoup plus difficile de faire.

Une critique n' a de la valeur que dans la mesure ou elle indique aussi comment faire mieux. De même qu'un acteur s'entraîne devant son miroir et déclame vingt, trente, cent fois la même phrase, de même qu'un musicien fait ses gammes, étudie toutes sortes de partitions, il est nécessaire de consentir à certains efforts afin d'obtenir un résultat concret dans le dessin et la peinture.

L'académisme à outrance ayant, à juste titre, provoqué les révoltes du siècle passé, un laisser-aller complet dans le dessin en sera l'extrême opposé à éviter. Le dessin est "l'hygiène" du peintre, (ce n'est pas de moi, mais c'est tellement vrai!) on y revient toujours et en fait un peintre dessine ou esquisse tout le temps.

Le don existe bien sûr, mais tous les doués que j'ai rencontrés, dessinaient souvent.